Francine Laugier - Terre, terre


Tout humain voit le ciel

Je veux garder mon intuitivité, tout en rejetant les « mauvais sorts » qui m’ont grandie malgré eux. Que l’on me respecte enfin ! Je pense au silence, des criards à abattre, que l’on me craigne ! que l’écho tombe. Je bafoue la perfidie, je joue le rythme de la passion, encore et encore le limpide mouvement de l’esprit vagabond. Adieu discorde, j’ondule pour mon bien dans la maison commune.


Elle a vu la lune et les étoiles. Elle a mis sa robe de chambre, s’est installée là, sur la terrasse, à regarder le ciel. Elle s’est sentie rajeunie : il n’y a que les vieillards qui passent leur temps à somnoler nuit et jour.

La nuit porte conseil, ses poèmes, ses amis, son compagnon toujours absent. À la vitesse de la lumière elle comprit qu’il était trop tard pour reculer, elle allait de l’avant et projetait l’avenir dans un futur lointain… Comme ses larmes qui rempliraient les océans. Plus jamais elle ne frissonnerait comme ce soir-là. Elle rentra, se servit un whisky, alluma une cigarette, et se mit à écrire un poème sur la beauté des corps nus.


Les ondes peuvent transporter les voix très loin, presque à la vitesse de la lumière. Mais il y a ce qu’on appelle les mauvaises ondes : une amie qui trouble, qui embrouille, qui nous fait douter d’un tas de choses. Puis il y a ce qui enlève le sommeil : chose qui tracasse, qui obsède.

« Entre deux eaux glacées, truite, tu es libre ». Nous choisissons le moindre mal, nous nous faisons confiance. Ton dernier sourire jeune-femme m’a appris la dureté de la vie, mais combien m’a éblouie ton sourire de camarade. Les étoiles sourient toujours à la camaraderie.


On ne trouve plus rien. Comme pour tout d’ailleurs. C’est plein et c’est vide, comme pour nos amitiés. Nous avons beaux accrocher des flambeaux pour ne pas nous perdre, ils ne servent qu’à nous enchaîner un peu plus dans un étroit chemin, parsemés d’étincelles de jalouses rancœurs. Comme si notre jardin secret était rempli de pourritures qui en gâcherait l’air frais, dont l’amitié à tant besoin pour se jouer. Nous étouffons, nous étouffons de notre besoin de possession.


Diane, déesse de la fécondité, fertilise et mélange la sève et l’eau du vivant, pour préserver de l’archaïque prison « du sang » non mélangé. Diane, toi la déesse de la naissance des enfants, donne aux parents la force de les aimer, comme la terre sait aimer jusqu’au plus petit atome. Que prolifère la vie sur terre, que volent les mille oiseaux, que fleurissent les mille plantes, que la civilisation grignote le sombre, et que le bien me préserve de la médisance.


Rien n’a changé, à par moi. Les maisons ressemblent à ce à quoi elles ressemblaient, à part un immeuble neuf, qui gâche la signature du quartier. L’odeur d’algues fortes à la plage du Prophète. Nul baigneur ce jour de l’an, pourtant belle journée de printemps. La mer c’est l’odeur et le bruit du ressac, le ciel c’est le regard, c’est par lui que nous nous situons, viennent de lui nos espérances. Tout humain voit le ciel ; pétiller le soleil. « La truite », la camarade, voulait que je le regarde à nouveau de jour.


J’apprendrai en rêve, ce qui m’a troublée dans la journée. Ce qui goutte à goutte remplissait le bassin, goutte à goutte je n’en voyais plus la fin. J’apprendrai cette nuit même ce qui se tissait à mon encontre.

Sur la toile, certains tombent ; dans ma boîte à messages j’y ai tendu un fil jusqu’à mon émotion. Ce fil qui me fait me tenir droite devant la noirceur des murs qui marquent les frontières. Aussi lettre morte, ou lettre pleine, parlera d’elle-même.





Francine Laugier, le 1 janvier 2015.




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© Francine Laugier, 1 janvier 2015.
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