Francine Laugier - JE N’AI JAMAIS JOUÉ

JE N’AI JAMAIS JOUÉ

Je rends profonde la futilité. Je sème, bienveillante amie, ma récolte sera drue. Toujours je regarde la lune, quand elle est bien ronde pour les semis.

J’ai trop oublié de donner de la force à mes bras. Bien sûr me reste à corriger en douceur, mais souvent je manque d’énergie à revendre. Je manque d’énergie, comme si quelqu’un me connaissant me situait mal, et me faisait alors beaucoup de peine.


Pas se soucier, laisser la vague venir. « Rien de nouveau sous le soleil ». Je tiens, je tiens contre vents et marées. Ce qui est acquis est acquis. Ce n’est plus moi qui vais me briser contre la vague. J’ai gardé ma souplesse, comme mon esprit tangue mais ne va pas en tout sens, mon corps s’y affermit. Je ne manque jamais d’oublier ce qui fait mal. Ce qu’il y a de plus beau m’envahit et je m’y jette souvent comme dans un torrent, pour me retrouver à gauche de la berge, pour m’y prélasser, tempérée et assouvie.


Impressions de lumière dans ma peur. Que fait-elle ? Le secret de cette porte est mon troisième œil de solitude. Quand iras-tu laver ta peur de voir un jour sombrer une étoile ? Finis les doutes, qu’ils partent dans le trou noir de l’oubli. Je n’en ai plus besoin. Tu garderas ton nom, même au plus profond de ta mémoire comme si un jour arrivait ton imagination. Elle viendra toujours au bon moment.


Aurore tu m’as dit bonjour comme un paradis sur terre. Bergère vois-tu l’aurore percer le soleil ? Ah, aime le temps que le jour prend à se lever, délassant l’esprit avant le bain et le bruit des moteurs ! J’espère revoir cette aurore à ma mort, moi qui suis fille de la tombée du jour. Aurore, l’air planant, flottant sans le moindre sifflement, terre en paix. Terre en paix, fais que notre sueur, à toutes races devienne ta rosée de cette nouvelle levée du jour. Terre toujours levée de chaque bout du monde. Nous promettons la sagesse, et que l’éveil tant désiré ne nous fasse jamais oublier le merveilleux sacré de la terre, de son jour et de sa nuit. Nos morts qui savent et oublient, et le cycle des générations, tous nous désirons, un jour prochain, l’histoire comme la vague gourmande mange le rocher. Éternité au ciel, éternité à la mort du caillou.


« Mais ne nous soumet pas à la tentation. » Et bien luttons pour être délivrés. Tant d’années pour la compréhension, pour désirer cette prière. D’abord soigner son corps, puis l’âme et l’esprit. J’aurais tant aimé cette prière enfant, mais Marie aide ceux à qui il manque un parent. Puis l’enfant grandit et écoute la prière. Même athéïste nous aimons le « Notre père ». Pourtant la région du monde, en France, mon pays se nomme « fille aînée de l’église ». L’enfant Jésus et les moutons, l’auréole de l’électricité. La langue que j’écris là me plaît. Je n’ai jamais craint le jugement de Dieu. Celui des hommes beaucoup. Aujourd’hui toute vie m’apparaît camarade. L’amour, l’amitié nous offrent tant de possibilité d’être adultes. Jeune fille, jeunes gens soyez grands. Que la paix soit avec la mort. Et moi qui suis athéîste, je dis paix à la terre qui se trouve dans les cieux. Les sages restent sur terre.


Les enfants de la vie ont la vie âpre aussi. Je me donne pour charge d’approfondir ma connaissance de l’humain. Que ma vie soit plus douce que ce qu’elle a été, depuis que je suis née de mon père et de ma mère. Je pense à mon si tendre compagnon, que je comprends par dessus tout. Son buste et ses bras si forts qui me rassurent, l’amour en cœur, ses mots d’esprit si chers à ma gaîté. Tu m’as faite sage parmi les sages et les sages restent sur terre. J’ai la plus grande haine pour ceux qui noircissent la pureté, et je leur mènerai la vie dure. L’enfant si dépendant dont certains profitent brutalement, et tous fautifs de se taire face au massacre.


Ni diable, ni Dieu, ni maître. Telle est ma profondeur. Ma devise est camaraderie du hasard. Et les enfants me direz-vous ? Eh bien là est le mystère que je ne sais résoudre. Voici l’avancée de la vie, des vies de la terre. Tout tend au beau, tout tend à être heureux.

Au moins monter l’escalier avec plus de légèreté, le fardeau est si lourd !


« Dormir, rêver peut-être ». Vieux nous ne tournons plus dans nos lits, nous attendons la mort comme l’enfer. La seule chose qui me rassure c’est que je veux que tous les moutons sautent la barrière. Tant de fantômes, comme s’ils existaient, l’illusion est si forte, alors que la vie n’a pas besoin de cela. Ma chambre alors était un tombeau et la voici en pagaille, comme une marguerite effeuillée qui s’est arrêtée à « beaucoup ». Je comprends mieux le travail des hommes, le travail, mais pas la nature morte ; elles ont un regard si triste les jeunes-filles de Botticelli. Que le vent effeuille encore ces fleurs d’ange, quand enfant nous rêvons d’en être une. Enfant, laisse les rouges coquelicots, il est là le temps des flirts et des merveilleux frissons.


Traîtrise du mal, Ptah a éloignée sa femme du feu. Traîtrise du mal, ils égorgent les chats, alors que l’ancienne Égypte les honore comme de véritables Dieux. Traîtrise du mal, ils rendent ignorants les humains adeptes, qui sont sincères avec les humains. Les trois points sont à la bonté pour ce millénaire. Ils embrassent Ptah et Néfertiti, remercient Artémis et la mature Séléné qui ont su garder le secret. Traîtrise du mal qui veut la torture entre les humains de la terre. Moi qui écris pour la sagesse, à mon futur mari, moi qui fus folle, je laisse ce qui est aujourd’hui supérieur à moi. Marie la mère de Jésus-Christ, choisit de dire la paye que vous devez aux souffrances causées à la terre. « Je te salue Marie, toi la Grâce des cieux chrétiens ».


Je n’ai jamais joué. J’ai souffert terriblement, j’ai fait de beaux rêves, et me voici fatiguée mais indemne moralement et physiquement. Je me promets de revoir La Grande Ourse dans le ciel étoilé. Je songerai encore, en écrivant à la lueur de ma lampe et de la lune. Je m’espère de douces pensées et un lointain futur, mais une chose est sûre, je penserai à ma santé par-dessus tout. Je ressors de cette épreuve renforcée, affermie, remplie de ténacité dans mon éthique.





Francine Laugier, juillet 2015.



© Francine Laugier, juillet 2015.
Licence Creative Commons
JE N’AI JAMAIS JOUÉ de Francine Laugier http://francinelaugier.free.fr/texte2015/jamais_joue.html est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 non transposé.
Basé(e) sur une œuvre à francinelaugier.free.fr.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://francinelaugier.free.fr/.