Site de Francine Laugier

Si peu

 

 

 

 

 

Si peu de nuages dans ma région, si peu d'arbres dans ma ville. Depuis si longtemps, je n'ai pas été surprise.

 

 

 

L'homme est un loup pour l'homme. Le chat est un tigre pour le chat.

 

 

 

Le temps passait si vite, sauf la chaleur qui restait entêtée. Ma chatte froissait l'ombre. Puis vint la nuit. Je me demandais ce qu'il faisait dans son ciel nocturne : il criait. Moi, dans mon cauchemar éteint, je l'ai laissé dans sa fureur.

 

 

 

Je n'ai rien pour attendre ; les promesses ne produisent plus leur effet.

 

 

 

Il y a un indicible en nous. Et quand nous l'exprimons, ce n'est pas ça. Cela ne dit pas assez le voile.

On peut faire la grimace en étant heureux, on peut sourire en étant malheureux.

Pourtant, nous avons beaucoup d'expériences en commun.

Pyron, Ghazallî, puis Descartes ont énoncé le doute et la certitude. Mais la densité du corps nous fait balancer sur la corde raide. Notre raison vacille souvent. Le Surréalisme a voulu donner une note optimiste à ce vacillement. Pourtant que de douleur, que de peur, que de rage. Et combien nous pouvons nous sentir perdus.

Continuer, tenter de saisir l'indicible. L'approcher au plus près avec des mots. Car le vivre, je sais.

 

 

 

Des vacances finies, un travail terminé : j'aime ce qui prend fin.

 

 

 

J'apprenais l'éveil à ma petite soeur Bernadette. Elle se mit à confectionner des colliers de pierres. Elle m'apprit à descendre pieds-nus les marches qui mènent à la crique. À son tour, elle m'apprenait l'éveil.

 

 

 

Dans le polythéisme, il y avait des dieux et des hommes. Dans le polythéisme, un homme pouvait opposer un dieu à un dieu. Des dieux pouvaient s'opposer. Dans le monothéisme, il y a Dieu et puis les hommes. Décidément non, ce n'est pas moi qui m'agenouillerais devant un extraterrestre. Encore moins l'adorerais-je. S'ils existaient, j'aimerais leur voler leur pouvoir, ce qui veut dire leur voler leur savoir.

 

 

 

Temps chaud, besoin d'être apaisée, nerfs cassants. Ronron du ventilateur. Encore un combat mené pour rien. J'en ai appelé à la mort. J'ai cru une main secourable, mais ce n'était que pour me ramener à la vie. Elle n'a pas entendu ma quête, et les frissons sont si loin.

 

 

 

Entre les pleurs et le calme, je tente de faire tomber le rêve.

Les étincelles d'éveil me guident. Promesses de travail qui donnent satisfaction.

Tenir l'éveil. Tenir la distance et pourtant englober les autres : pas d'attache, faire le pari du genre.

 

 

 

 

 

 


 

© Juillet 2006, Francine Laugier
Le contenu de ce document peut être redistribué sous les conditions énoncées dans la Licence pour Documents Libres version 1.1 ou ultérieure.
<http://guilde.jeunes-chercheurs.org/Guilde/Licence/ldl.html