Au cri des mouettes

Francine Laugier - 2016-2017




Tout par moi rejoint

Deux grappes d’eau

Le voile de l’existence

Tout humain s’aime

Les préférés du bien

La loi naturelle

Des secrets que la terre nous livre

Forte terre, Allah est miséricordieux

L’innocence est belle

Dans cette nuit

La pesanteur du rêve

Tomber amoureux

Toujours deux




Tout par moi rejoint

Intemporelle, toujours la trace me rappelle que je ne rêve pas, même si je tends à me perdre. Je vais d’un pas certain, et pourtant pas assuré. Entraînée par mon goût, l’homme si original, de qui j’avais d’abord découvert le mouvement, l’odeur de son corps, puis son esprit unique. Tout par moi rejoint.


Voici la lune pleine, Séléné j’avance sur ton cercle. Un an que j’attends cette revanche sur ceux qui veulent plier un peuple. Lune rousse qui nous sert d’étoile prends garde je suis le trois. Derrière le nuage, jeune fille, j’ai suivi le signe. J’ai revu la lune elle m’est apparue froide, frigide comme le sable du désert. Je n’ai eu aucune hallucination car j’ai joué la sagesse universelle. Des miracles se sont produits, dans ma région France, ce n’est pas moi qui jure sur les toits « c’est moi ». Je n’ai pas eu d’hallucination parce que je joue la sagesse universelle.


Ce n’est pas que je préfère les arbres aux hommes mais il en faut. Mes bras autour de l’arbre, collée à lui. Ô beau phantasme de jouissance. Les hommes eux pissent dessus, en regardant le ciel. La terre sent fort, l’humus monte aux narines. Pisser, entourer, folie, folie passagère. Ai-je le cran ? Le cran, le cran.

Je préfère faire pipi derrière les voitures. Mais alors je suis jeune à la montagne. Pisser dans l’herbe verte, dans l’herbe haute, puis s’éloigner le sexe un peu trempé. Sexe féminin plein de rosée. Cycle de l’eau, nuage de rosée.

Âgée on aimerait ne plus avoir de sexe qui parle sans arrêt. Sublime intention de la jeunesse. On a mal, mal, de son sexe. Mais les frissons que l’on se donne aux premières caresses de l’amoureux, ces premiers frissons sont merveilleux.


Flottait l’air matinal. Comme un murmure à mon oreille, flottait l’air matinal. Ni froid, ni chaud l’air et mon corps. Je me savais rêveuse mais je ne savais de quoi. J’étais tout simplement rêveuse. Je pensais vaguement, rêveusement à lui, là-bas, au travail. C’était doux, douceur. J’étais un ange humaine. Puis il arriva, mon amour. Je lui dis dans son cou « j’ai pensé à toi toute la matinée, si l’on faisait l’amour ». Il me répondit « j’ai un travail urgent à faire pour cet après-midi. Un autre jour veux-tu ? ».


C’est la mort qui me parle. Qu’est-ce qu’elle me dit ? La frustration, l’énervement, que rien ne se passe quand je le désire, que je sois toujours projetée en avant. L’instant du Bouddha est un leurre. J’aimerais tant le pouvoir de choisir. Je suis ainsi faite que je vis dans le passé ou un futur imaginaire. La plupart du temps je me trouve face à ma mort. J’ai peur de ne pas être à la hauteur, de mourir de peur face à cette mort. C’est si vide, si vide, la vie. Elle touche si peu le corps.

Je dois manquer de travail manuel. Brutale je m’aimerais ; cueillir du raisin jusqu’à être fourbue de fatigue.


Je chante quand la maison me paraît vide. Quand l’espace se vide comme peau de chagrin. Mon chant meuble mon ennui et dresse mon encouragement. Parfois c’est seulement de l’agacement qui me fait fredonner un air.


Je veux les instants qui tombent dans le sacre du temps. La justesse du temps où nous avançons ensemble, mon amour et moi, libres et égaux. En moi des rêves germent, poussent mes mains à écrire d’un geste sûr. Rien ne vaut l’éveil, car le temps des vampires à un prix.


Plus rien ne tangue, si ce n’est les bateaux dans la mer. Mon sang s’assombrit jusqu’à faire marque. Le cauchemar joue seul maintenant, comme loin de nous, il ne nous habille plus. Ne rien faire est désespérant, je me joue de la farce qui m’enchaîne à ce rien qui vaut néant. La paix est là pour bientôt, aussi sûrement que les astres dans le firmament. Je profiterai, j’apprendrai ce que le hasard me désignera comme volupté du savoir.


Des yeux de rivière, des yeux qui se mirent à couler comme des huîtres. Joyaux, vision de la vie. Ces yeux couleur de rivière qui se mirent à couler comme des huîtres appartenaient à une femme voilée, le ventre enflé de femme enceinte. En y repensant je vis le fleuve, un long fleuve, comme le fleuve Amour, qui zigzaguait autour d’Alger, Marrakech et Tunis. Le grand Maghreb, les villes de Libye, et son long fleuve.


Simplement assise sur ses escaliers, son bonjour gentil et franc, avec cette compréhension qui me dit « tu y arriveras à être une femme forte ». Cette humilité qui fait que l’on ne s’accroche pas à elle, mais que l’on avance, avec flottante, cette onde d’amour qui l’a quittée pour aller vers nous. Ô dame du peuple, quand terrassée j’étais, tu fus la seule à essuyer mon visage, de ton regard droit et bon.


Bourgeoise et enfant. Grand-mère peut-être ? Rue étroite bordée de villas avec jardin. L’enfant s’accroupit, penchée à terre. Je me demandais ce qui pouvait bien l’intéresser ainsi. La femme et moi regardâmes de plus près. La petite-fille tapait avec entrain, de ses deux mains, l’eau stagnante et les débris de toutes sortes du caniveau. Étonnée, je me redressais, la femme et moi nos regards se croisèrent, avec complicité nous nous dîmes bonjour.



Décembre 2015



Deux grappes d’eau

La frustration ne crée plus transfert chez moi. Quand mes synapses ne se font pas de nœuds, c’est moi qui tranche avec le couperet de mon esprit. Battez-vous donc, je suis avant tout prisonnière du temps, le temps des morts jalonne mon espace.


Mon corps est éclairé, je veux par mes mains asseoir mon jardin. Bergère laisse tes blancs moutons, regarde venir l’orage. Déjà la pierre se fait calcaire, l’éclair brise le ciel, tout circule vite dans l’air, aux cris de cormorans. Je repense à la femme enceinte qui porte son bébé jusqu’autour de ses hanches. Et si aujourd’hui était jour férié, le jour de la barque au collier de perle ? Comme la lampe dans sa sobriété est rigueur !


Patiente pour attraper la beauté, l’éveil pour la garder, patiente pour triompher de l’indigence. Volonté pour capter les éclairs d’intelligence. Sécurité de la parole adressée, densité de l’amour. Seule, je m’interroge. Est-ce que tout se termine ainsi, à tirer le fil de la parole amoureuse ?

J’envisage d’avoir ma maison à l’orée de la ville, là où se trouve la rue à chats, là où mon regard s’est posé un jour de contentement. Déjà l’oubli, que m’envahissent la joie et la sérénité, tant ce souhait me fut cher. Mon esprit est resté jeune comme pour mieux comprendre, mieux saisir, la cruelle folie de la vie.


Seul le rêve imprègne encore ma mémoire. Ce rêve qui m’a faite femme aimante, qui a renforcé mon amour. Traduire l’inattendu, je vois sur terre la lumière gagner sur l’ombre. La parole cachée, où tout a commencé, comme l’attention et le renouveau d’une histoire. Ainsi se termine le rêve. Pour mieux poursuivre mon choix, certaine et sincère, j’ai dit « j’aime ».


Cependant tout a changé. Intimité retrouvée, jusqu’à la lueur rouge du soir, qui me surprend à pas de lionne. J’ai fermé la porte à mes glaciales rêveries, qui commençaient toujours par la fin d’une histoire à dormir debout. Maintenant un lièvre à poursuivre, maintenant je rêve. Tout finira bien par tomber à mes pieds. Eh bien je marcherai à ses côtés, dans cette ville où il avait prédit que nous redresserions la tête, pour ne plus jamais oublier le ciel.


Lune montante, lune cachée. Dans ma solitude je tente une compréhension ; mes clés n’ouvrent aucune porte. Je voudrais mon chemin linéaire, choisir mes attributs. Me voici têtue, le choix m’imposant de rester sur mes gardes. Bien sûr le libre-arbitre s’impose de lui-même. L’épreuve traversée, même dans ce qu’elle a de plus trouble, fortifie si elle n’a pas terrassé. L’homme est grand, la terre est sa planète.


Il y a quelque chose d'innommable dans cette pagaille sombre, qui demande souplesse d’esprit, ouverture sur le monde. Qui demande plus de bonté que de haine. La diversité m’aide à tenir ma posture de femme qui écrit. Si je relis avec plaisir quelques pages de Sénèque, c’est que mes plaintes ne me servent à rien, sinon à m’accabler davantage ; ni mon mal de tête, qui m’empêche toute attention, ni mes bronchites chroniques, n’embellissent ma parole et mon corps. Bien au contraire.

Taire, alors que c’est moins indicible. Je préfère noyer mon chagrin dans deux verres d’alcool, ni plus ni moins. Dans mon malheur il m’arrive de chanter à tue-tête dans ma cuisine. Aussi, je pense à toutes les générations, à tous.


Je ne veux partager que le mystère de la vie, et non pas le mystérieux qui rend si spectaculaire la vie. C’est ce qui se répète qui me bouleverse, demande que je m’y arrête, et non pas ce qui précipite mon attention dans l’étrange. L’anomalie est un mauvais guide, je dois la traverser avec curiosité mais sans me retourner davantage, comme je tourne les pages d’un livre, car je sais bien que je dois aller de l’avant. Mes bizarreries m’ont souvent figée en face des autres, m’ont enlevé ma marche, comme un orage dévastateur saccage un jardin.


Deux grappes d’eau, d’opale, pendues à ses oreilles, Rosy Wilson chante avec sa voix de Bande-Dessinée, dans le groupe « Gorillaz ». Ses gestes pudiques, adroits, étonnent ma sensibilité. Froideur et douceur, tempérées. Je l’imagine lisse et profonde, comme un salon apaisé, où est posé sur ses genoux « L’Épopée de Gilgamesh ». Ce livre qui raconte l’amitié entre la forêt et la ville. Ce livre, qui m’avait tant bouleversée dans ma deuxième lecture, acheté par mon compagnon, je ne sais où dans Marseille. Ce petit livre que je ne reconnais plus, a sa place dans ma bibliothèque.


Laisse là l’amour. Abandonne-toi au travail, claire comme la chanson que tu fredonnes pour accompagner tes gestes. Il fait froid, hiver, saison bénie comme les autres. Par moment violentes attentions, joie. De loin en loin le souvenir de la voix, entraînante, douce comme celle maternelle, m’allant droit au cœur. Tant de grisaille dans le ciel, comme pour appuyer d’un côté la chute, de l’autre le combat. Tu fus heureuse de voir les étrangers, avec ce nouveau regard, qui les rendait égaux à nous. De cela tu étais heureuse. Frontière de ta pensée, tes maisons aux toits de tuiles rouges.



Janvier 2016



Le voile de l’existence

L’attirance est forte, je reste en creux, beauté de l’abandon, et mince, mon esprit m’entraîne hors de l’expérience. J’ai peur d’être attirée par une sirène, j’ai peur de dire « pourquoi suis-je abandonnée ? » J’ai peur de trahir. Je ne dois rien renier, m’abandonner dans mon histoire d’amour, situer la stabilité comme le cèdre s’élève dans le fin voile de l’air. L’immense ne m’enveloppe-t-il pas ? La corde que les humains tiennent, incite à la lâcher pour se retrouver seul face au dépôt. Être athée, qui a donné une rivière à la beauté des yeux ? Il fallait bien un regard pour qu’ils soient si vivants. Voir, apprendre et voir, n’est-ce pas le dépôt de l’âme ? Vivre enfin en civilisation. Investir le déterminisme, car il y a bien un hasard qui tombe dans le déterminisme, qui choisit comment le parcourir.


Il ne faut pas avoir peur de l’idéologie. C’est une cheville qui relie les phrases. Et Dieu sait si je les utilise. La vie est passionnante, si loin de la vie d’une bête. Il faut pour cela se servir des outils à notre disposition. « De la signature des choses », de partout peut-être me fait-on la guerre ! L’outil, si cher à Jean-Pierre. Oui l’outil qui rend si humain. Grandir, jusqu’à apparaître avec toutes ses qualités.


J’ai entendu la communauté. Je l’ai reconnue comme en en faisant partie. Je me retrouve dans le silence. Je n’ai jamais rencontré Dieu. Seulement une communauté en creux. Cela m’a procuré beaucoup de plaisir et de satisfaction.


Dégoût, humanisme, lassitude. Prolétaires de tous les pays, vos taudis ! Le bleu de la robe aussi, est le même. La promenade dans les beaux quartiers. Des jeunes enfants s’amusaient dans l’air frais et vif de cette fin d’après-midi. De fines gouttelettes de nébulosité me donnait un esprit plus clair, un brin d’espoir. Dans cette désolation je ressentais la crasse de la barbarie.


Ma demie-lune, comme la Oumma t’honore. C’est sacré la pleine lune, une fois seulement par siècle elle accouche. Tu as aimé briller pour moi, pleine lune. Comme arrosée. Tu la vois apparaître derrière le nuage ; elle était comme lapée par les nuages. Ô bonté à toi demie-lune, lape la rosée du soir comme le lait de ta mère. La naissance du jour. Pas de louve qui pleure à la pleine lune, mais un berger qui rentre ses brebis. Sous la lune, les gestes sont précieux, sois donc assouvie si tu le peux demie-lune. Oui j’aime la froide chaleur.


J’ai débroussaillé ma réalité, vient le temps de la polir. C’étaient des nuits sans lune, où la froideur implacable de ce qui s’offrait à mon esprit me terrorisait. La chaleur froide de la lune me manquait. Aujourd’hui la communauté me rassure, comme un père et une mère qui regarderaient mes premiers pas. Je fais confiance à l’imprégnante intuition qui guide mon chemin, de l’ancien lit de la rivière, et qu’aucun caillou n’entre dans ma chaussure. Ainsi va la confiance.


Pourquoi me suis je tue ? Pour que la honte ne m’envahisse pas. La honte est la même, pour là-bas le voile, et pour moi ici. Peut-être oubliions-nous. N’ai-je pas choisis l’humanité ? Et toi ? Quand la vie me faisait la guerre ! Et toi ? Tu payeras maintenant tes maladresses. Prends garde à toi ! Mais voici la remontée, je tiens la vague dans le courant limpide et chavirant. Ma réalité ne m’entrechoque plus. Mes paroles volent claires. Comme le jour tarde à venir, mais la nuit est douce aussi. Mon souffle profond et juste, je le veux jusqu’à ma mort. Et les marins naviguent au loin.


Bien sûr le combat, mais toujours la fidélité du bien gagne. Quand la communauté ne parle plus ou va mal, le souffle de la vie est fort et aidant. Oh femme, sois patiente et intelligente, sois sage. La vie est faite d’âme, d’érotisme, nous appliquons la loi aussi. Tout veut jouir, tout jouit, de la nature à l’homme. Oh femme, quand commence le repos, commence à lire.


Les quatre cercles du regard vert, le foulard autour du cou, qui fait mal, de couleurs beige, rose, blanc. Se plaire, même habillée avec ce qui tombe sous la main. Les yeux, les cheveux, et le foulard accordé au pull. M’endormir dans un rêve en faisant la vaisselle. À table, le dessert est une pomme des Alpes.


Je pense au ventre de femmes, froissé comme des vaguelettes fines et tranchantes. Guez écrivait « La couronne de la Vierge », pour moi la couronne est réelle. Tout en écrivant j’écoute de la musique orientale, je repense à cette danseuse orientale, jusqu’au bout des doigts je ressentais ses ondulations. Je sus alors que c’était une danse classique, les couleurs d’une communauté portées hauts.


J’aime quand elle me dit « toi ferme, main souple ». Allure décontractée, très décontractée jusqu’au moment classique. Regard joyeux et frontal. Je suis franche, ma voix doit moduler, ou être l’automne-hiver froids d’Antonio Vivaldi.

Grande porte, Haute porte, sacrée par la voie, mosquée bleue du port, tu ne regrettes pas tes hommes qui viennent prier, et les femmes en rond, assises : Gardez le secret de Tania.



Janvier-février 2016



Tout humain s’aime

Pourquoi rêver d’être un animal quand nous sommes humains ? Pourquoi ne pas vivre ce que l’on a à vivre, cette vie d’homme qui nous est offerte ? Dans ma vie je me suis sentie descendre d’un singe, quel délire ! Pourquoi resterait-il des singes après tant de siècles ? De toute façon, même si certains continuent d’imaginer quelque-chose de semblable, ils ne peuvent trahir leur communauté humaine. Je dis bien trahir. Mieux vaut encore rêver d’aller sur l’étoile la plus lointaine.


Tout humain s’aime, c’est bien ce que ne veulent pas admettre ceux qui essaient de les dominer. La liberté sait se mouvoir entre les filets, mais où vont mes pieds qui quadrillent le quartier ? Femme assouvie de plaisir, me voici femme. Quoi de plus évident que de se passer d’une autorité que je juge maladroite et qui se voudrait ancillaire. Mais toi mon aimé, avec courage tu as su défendre ce qui fait que je suis moi, ton unique.


Tous contre le seul, je crois en l’humain. Heureux celui qui a son chemin tout tracé. Le temps, si simple écume du ciel. Ciel qui fait sortir les escargots, barrière qui luit, pluie qui accroche le ciment. Qui pénètre de façon si sûre et ferme, qu’elle reste. Pierre noire de l’exil réalise mon rêve. Journée de commencement, nous voici dans la sixième semaine, dans la ville les voitures roulent déjà avec leurs phares. Sous et dans cette pluie, le marcheur approuve mon murmure.


J’ai le plus grand mépris pour les intellectuels qui se croient les seuls détenteurs de la beauté, de l’intellectualité. Comme s’ils ne savaient pas qu’avec un livre, on ne pourrait pas aller loin dans la pensée ! Avec mon âme j’ai ressenti de telles expériences qui ont ouvert la porte en grand à mon intelligence. N’en est-il pas ainsi de la loi de l’homme ! Penchée sur ma feuille, attentive pour enlever tout trouble, j’ai une pensée pour les minoritaires, qu’ils s’organisent dans leur activité comme dans leur vie ! D’autres aussi écrivent.


J’ai douté de tout, je dis bien de tout, mais je n’ai pas douté. J’ai souhaité être une femme fidèle et honnête. Je n’ai pas manqué à mon devoir envers la communauté des hommes. Quand je suis dans ma réalité, je me dis qu’il est encore loin le chemin.



Février 2016



Les préférés du bien

Ô Aïcha, tu sais si un djinn est vraisemblable ou pas. Mahomet savait, il te dirigeait Aïcha, dans votre ville sacrée. Ce soir j’ai vu la lune dans le désert agrandir la communauté, tel le désert me fût masqué. Dans le ciel de mes Alpes se trouve une fleur, est-elle en transe ? La lune est virile.


Voir la rivière dans la ville. Éclairer à nouveau cette ville. Un mur. Le mur, la Seine. Ville morte la nuit. La Seine pour jeter. Pour s’y jeter ? Les arabes par le racisme noyés. Tes chaussettes à mes pieds, je suis au sec. Le ciel en crête. Umberto Éco est mort la nuit dernière, dans un ciel en crête.


Les rôdeurs ne sont pas méchants du tout. Ils aiment à roder parce que leur maison n’est pas agréable à habiter. Ils espèrent toujours en trouver une plus à leur goût, ailleurs, toujours ailleurs.


Je ne te nommerai peut-être jamais devant personne, pour ne pas galvauder ma prière, âme secrète de chacun. D’avoir entouré le monde je pensais construire, j’ai encore à dire. Tout reste sourd. Je deviens indifférente, et ce n’est pas sans chagrin. Parfois même cruelle en pensée.


Dans mon jardin secret se trouve l’homme à l’enfant. Le désert de ma vie a commencé là, à faire foule. Aujourd’hui, le vent qui rencontrait la colline, faisait un bruit de tonnerre. Aimez-moi. Aimez-vous et je m’aimerai.


Nous nous voulons les préférés du bien, être l’unique du bien, moi aussi. La conscience d’aimer passionnément est si humaine. Les purs éclats de joie de cette petite fille m’ont totalement rassurée. Parfaits soient nos parents de nous avoir mis au monde. Ma parole est saccadée, car elle m’arrive en chant, au galop du cheval.


Aujourd’hui je me choisis, pour toutes les espérances futures. Je dis non au sacrifice, comme je dis non au seul or. Si vous gagnez, sachez que c’est grâce à la naïve folie de la connaissance, à la sagesse du cœur, et à la rebelle féminité adolescente. Je sais que vous m’aimez comme je vous aime, jusqu’à la déraison pure ; les voix d’hommes dans le courant de la nuit m’aideront toujours à conjurer la part ingrate de la vie. Je vous ai aimé perdants, je vous ai aimé égalitaires, je vous veux battants et rayonnants.


J’ai suivi le signe. Je n’ai pas trahi ce que j’ai rencontré de plus profond dans mon être. Bien sûr je me suis un peu paumée dans le mysticisme, mais ne suis-je pas repartie du livre ? Une maison bleue dans la ville, havre de sérénité et de candeur. Je regarde mon vase, il reçoit le dépôt, mais c’est lui qui garde la rose. Je ne me sens pas flouée par la communauté, ses visages me sont chers, je les chéris de mon mieux.


Une expérience est passée me laissant impatiente de trouver mes nouvelles marques. Trouver l’audace de changer la dentelle en diamant, la parole en âge d’or, le labeur en travail. La finesse du combat comme dans le jeu d’échec prévoit. Ali le sait, comme moi je sais le partager. Transmettre, doublement transmettre l’enjeu de la force vivante comme la vie donne naissance.



Mars 2016



La loi naturelle

Un livre me reste secret, mais de la main droite je joue sur celui qui m’est cher. Tu es loin ami, chacun son devoir. Je rêve des deux livres qui passent d’une main à l’autre où je m’élève au symbole et au signe. S’enfoncer, remonter le temps, vais-je m’y retrouver ? Ils ont de la chance eux qui n’ont qu’un livre entre les mains. Ali, es-tu mon frère ? Touchons la certitude. Je ne veux pas d’un château de cartes. Je déteste les cartes. J’ai vu tant de changements !


Je me guide dans les méandres de ma langue pour trouver des trésors et la robustesse d’étincelles d’éveil, mais avant tout ce soir je me dédie un bouquet d’amour. Déjà des maux de vieillesse quand tout réclame la jeunesse ! Ma communauté muette comme une carpe, sous l’étoile esseulée, moi aussi je me sens seule. Pourtant une brindille réchauffe mon cœur quand elle sait faire flamber le feu de bois.


D’être rejeté on se dompte, ce qui nous éloigne de la loi naturelle. Dans cette solitude on invente des identifications qui nous rendent apragmatiques et ignorants. On peut briser un être mais pas le remodeler, même dans son dernier souffle il aura la force. Je ne tends pas l’autre joue.


C’est tellement sucré que je me montre brute, comme une pierre non taillée. C’est tellement sucré que sur cette pierre on y trouble mon intelligence. Et toi brillante pierre, tu viens de nos pires ennemis. De la saleté sortie des bouches j’ai fait une maison propre. Ô communauté je t’appartiens par ma pudeur, et ma fidélité me dicte ma loi.


Hier je m’offrais un bouquet d’amour. Une ancienne lecture me revient en tête : la reine Élisabeth, dans sa correspondance avec René Descartes, lui demandait pourquoi l’amour est capable des plus belles choses comme des pires. Moi, l’âge aidant, je sais que l’amour aveugle parfois, « si Dieu le veut ».


Femme pense à tes enfants, surtout en moments de tourments. Nos contradictions moindres, nous aideront à humaniser. Enfin la communauté, et non plus de sociétés secrètes. La contre-arche de Noé avertissait de cela. L’égalité est divine. On meurt tous sereins.


M’appuyer sur la voûte céleste, comme sur l’épaule d’un père. Fortifiée, j’avance sur le Chien et l’Ourse, courage je vaincs. Elle ne me parle plus, elle a même disparu de mon regard, je l’ai tant aimée naissante. Elle, elle me regarde en plein jour, si pâle est son charme. C’est une reine qui dirige l’autre pays, avec sa baguette magique, comme dans un conte, et le rouge qui l’entoure protège le tout.


Pourquoi le Christ dit « Buvez, mangez, ceci est mon sang, ceci est mon corps », alors que c’est le sang et le corps des animaux que nous mangeons ?

Selon l’Islam le temps est dans l’être, ai-je entendu dire, alors que le livre est dans le temps. Cela m’apparait contradictoire, puisque le livre est historique, l’homme aussi est historique mais avec lui l’histoire avance.


Comme ma mère j’ai toujours désiré la légèreté de l’âme, du corps et de l’esprit. C’était la vie, même si elle faisait mal à l’humain. Les étamines de mon âge sont là pour mon compagnon.

J’aime tous les chiffres, les porte-bonheur du hasard. Il faut qu’il y ait plusieurs hasards pour qu’il y ait du hasard, sinon on appelle cela de la chance.

J’ai le regard perçant d’une chouette, même si je ferme mes yeux la nuit. Paix en moi.


Cette étoile en plein jour, qui m’attire, ma peur est ma haine d’être attirée. Elle ne laissait pas le temps à ma curiosité, le temps de l’aimer ou de la repousser. Un gamin sur le banc de la place publique, attentif, appliqué comme un sage. L’enfant qui me manquait, ce gamin pouvait-être mon enfant et je l’aimais d’être si sage. Sa tranquillité apaisa ma haine.


Et ce besoin de parler qui ne me quitte. Ce besoin de communier par la parole. Se réalisent dans ma vie bien des désirs du passé et j’espère du futur simple. Se tenir dans le présent, se perdre dans le temps en travaillant. Qui a appris à l’autre à écrire, Adam ou Éve ? Ils ont dû certainement inventer ensemble.


Visage d’enfant, visage souriant, la Oumma veille. J’ai pris l’habitude, la nuit, de boire un chocolat chaud, c’est une personne jeune et sage qui m’a demandé ce rituel. Combien je lui en suis reconnaissante. Communauté qui fut si dure envers moi, que j’ai su rendre pierre précieuse, brillante de bonté. Ali à la cravate noire. Enfin l’autre Ali qui fut si sage dans la prière dite à deux, dite à la vitesse d’une étoile filante. Lui qui me remémora, quand j’atteignis encore la certitude de mon destin.



Mars 2016



Des secrets que la terre nous livre

La Oumma ramène à Dieu, Dieu ramène à la Oumma. L’œuvre, le travail, ramènent à l’individu. Ce qui ramène à la liberté c’est le libre-arbitre. La sagesse est un don, une part de Dieu qui nous reste quand nous avons passé les autres étapes. L’entendement peut venir de l’endurance. L’intelligence nous l’avons tous, c’est un peu comme les goûts et les couleurs, il suffit que nous la réveillions. Le don fait partie de l’échange, mais l’un et l’autre doivent être liés.


La lune m’a donné un visage au teint gris. Elle, elle avait des pommettes et mangeait l’air pour trouver son arrondi. Cela lui donnait un air comme l’air dans les nuages, et qui bientôt me rendît mes forces. Je n’ai pas vu la couleur de la nuit, la lune seule me parlait, deux étoiles qui me la montraient comme si la couleur était descendue au sol. L’homme et moi nous disons « nous leur avons volé le poisson », et le vert de mes draps sera celui des arabes.


Un halo à la lune et le ciel est immense. Soyons plus sévère entre nous et Allah sera plus clément envers nous. Les hommes de la Oumma m’ont prise au sérieux, même si c’était pour me désespérer. Une fois la victoire fêtée je continuerai mon chemin vers Allah le cœur léger et pleine de gratitude, croyante en ma communauté, crainte par mes ennemis comme ils craignent les flammes de l’enfer. Nous avons voulu vivre, léger est mon cœur de vous le rappeler.


Allah, l’ami de la terre, comment mon peuple a pu si longtemps oublier sa planète pour ne prier que pour les cieux ? Mes prières vont d’abord vers elle puis vers toi, ô amie de la terre. Certains d’entre nous jouent la magie, mais moi ô terre, ô Allah, je prie avec mes tripes, mon cœur en émoi. N’est-ce pas le prophète Mouhammad qui a dit : « Dieu se serait donné des fils et pas des filles ? ». Ma civilisation finit, tant d’amoureux envahissent la cité remplis de projets qui donnent aux vieillards de la force à vivre.


Nous luttons, nous lutterons. Nous sommes dans la lumière de la terre éternelle, celle pour qui le futur est linéaire et fraternel. C’est avec colère que j’entends des paroles qui amènent à la haine, et nous sauront combattre contre la folie meurtrière qui porte le visage de la mort, celle de toute civilisation, et de la survie de notre planète. Nous tenons à la vie, notre courage est à sa hauteur.


Ils étaient sans femme la plupart du temps, comme des marins à qui l’on n’avait pas donné de bateau. Des esclaves venus d’ailleurs. Ceux qui travaillaient dur et ceux qui n’avaient que femme à vendre. Le libre-arbitre, la liberté est une loi humaine dure mais est vérité. Comment douter encore, tout être humain est terrien, tout être humain qui naît est musulman. Courage mon frère, l’avenir est entre tes mains. Femme comprends, le prophète Mouhammad croyait en toi, et à l’esclave. Entre hommes ils se sont fait la guerre. Entre hommes ils se sont massacrés. Comprends femme, toi aussi tu as le dépôt.


Quand on a mordu la souffrance, quand on a goûté au plaisir, il est difficile de reprendre une vie quotidienne. Vous demander pardon à vous tous, à quoi bon ? N’est-il pas plus important de partager des secrets que la terre nous délivre ; les ondes de couleurs de l’arc-en-ciel, comme la silice de l’ordinateur je garderai toujours en mémoire votre confiance et votre espoir. J’y réponds par l’électricité qui se balade partout, comme des ondes piquantes qui font si mal au cerveau, comme les signes que je dois suivre, qui se glissent jusqu’à vous, sans laisser trace chez moi, ce qui me fait souvent mal.


Tout est rempli d’électricité, dans notre cerveau jusqu’à l’éclair que l’on peut voir. Les ondes sont électriques, l’air est de l’électricité limpide. Elle fait frissonner notre corps comme nos machines. Comme dans notre corps, se glisse entre, de la matière organique. Ce qui fait le jour ou la nuit est que l’une ou l’autre vibre le plus par l’attraction des planètes. Partez de la Terre si vous aimez aussi Allah, mais dans vos prières n’oubliez jamais que le Prophète aussi à fait la guerre.


Les humains se font du souci car leur cerveau est moins volumineux. Qu’elle importance ? N’est-ce pas la quantité d’électricité qui y circule le plus important ? On se croyait sous le feu sur terre à cause de l’oxygène, mais nous voici circuler parmi les ondes, et nos yeux voient sous les lampes les signes que l’on saisit sur le clavier d’ordinateur. Ce qui reste le plus secret est encore la mémoire de la pierre.



Mai 2016



Forte terre, Allah est miséricordieux

La vie reste tellement cachée. J’appelle l’ami, n’est-il pas bon l’amour que l’on se porte ? De la communauté, personne ne m’a encore approchée. Mais il est trop tard maintenant, l’oubli s’est glissé entre l’émoi et mon chemin solitaire. Je rentre dans l’âge où marque le passage de l’espoir et du chagrin. Qu’aurais-je pu faire, qu’aurions-nous pu faire d’autre ? C’est encore ce que j’ai appris sur moi qui me reste le plus cher : tenir en pleine force de la lutte, mettre des mots sur ma féminité, essayer de prier qui il se doit. Mais cette fois j’ai senti la terre à la dérive ; pas moi.


L’espoir qui donne du non-espoir qui donne de l’espoir. Je n’ai plus rien des racines catholiques de mes parents. J’ai appris à aimer Adam et Ève, les premiers prophètes de l’Islam, j’ai gagné une guerre. J’ai laissé tomber les rumeurs des autres communautés, je me suis battue avec force et courage. Je fais corps avec les miens tout en étant indépendante. Mes ennemis ont voulu briser la femme que j’étais comme si je n’avais pas d’armes, ils ont voulu me pousser dans les bras des djinns. Je n’ai pas souffert plus qu’une autre, mais mon choix fût le bien.


Calme, sereine, et la beauté d’une simplicité claire. Pour passer par les trente-six chemins, ton mari Ali, et toi sa femme vous m’avez beaucoup aidée. Moi qui suis une des témoins de l’Islam, je me suis déjà promis d’être une femme honnête et fidèle, je te souhaite la même chose, ô toi femme d’Ali. Honnête avec ton mari et dans la vie mais fidèle avec l’Islam. Certains peuvent toujours penser qu’Allah est une planète lointaine, d’autres qu’Allah est le Dieu unique, miséricordieux.


Réaliser que j’ai été éblouie par la religion. Me voici de nouveau athée avec éthique et déontologie. L’amour d’un homme est encore la graine la plus intelligente. La précision du hasard et la fidélité du quotidien.


Le calme de la terre après avoir reconnu sa faute. Le calme de la terre quand on sait prier. Je parle à la terre, je prie la terre, je prie Allah.

On met un foulard sur la tête nous les femmes à la mosquée, car il faut un voile entre la terre et le ciel.

Le suicide est une très grande faute. Que s’arrête ce besoin de repos quand les djinns nous attaquent. Forte Terre, Allah est miséricordieux.


Ma prière est toujours adressée à la Terre puis à Allah. C’est un moment que j’apprécie, intense et dans le temps. Ce qui naît toujours croît, j’avance sûrement pour que reste dans ma mémoire la miséricorde et la lutte. Enfin seule pour la paix, que j’apprécie goutte à goutte, Allah fait que ces moments me fassent apprécier la vie si chère. Fait qu’à d’autres moments de la journée je sois contente de moi.


Un jour j’ai prié pour la paix au Liban, une prière athée, une tombée dans la pensée. Ces derniers temps j’ai pensé l’Islam en écrivant.

Une ville doit-être un mélange de technique, de relations humaines, bien sûr d’espaces-paysages. À part la grande industrie, encombrée de mille ateliers, elle reste ouverte au monde. Qu’importe alors ce que je laisse derrière moi, le monde m’a ouverte à la vie.


Comme un jeu de quilles l’espoir tombe. Rien n’a pu changer la destinée, ni les lamentations les plus dures, ni l’espoir comme jaillissant d’une roche. Tout homme se tait enfin, comme pris de remords pour l’événement raté. Moi j’ai parlé et me suis tue.



Juin 2016



L’innocence est belle



Comme un miroir qui se brise, le soleil. Nous en faisons bien des miroirs pour nous voir. Et quand il y a trois glaces, dont une fixe, on se voit à l’infini. Ce matin j’ai vu dans mes cheveux une belle mèche blanche, à l’aide d’un miroir bien sûr. Puis, je me suis amusée à l’aide de mes miroirs.


Ô terre, terre, serre-moi fort contre ton cœur, sinon laisse-moi mourir. Du ciel j’aimerais quelque chose de bon : Dieu miséricordieux. Mais parfois les djinns nous attaquent. N’ai-je pas baissé les bras en pleine lutte ? Je sens la force qui me revient, et je me suis battue, battue. Vis enfin !


L’Islam, pour moi la connaissance d’être humaine. Réveil humble et intransigeant. De la plus haute présence qui m’apportait une grande joie (qu’encore je rencontre cette présence quand elle se vivra sincèrement). La ville, aurait-elle une grâce ce soir ? Dieu aurait-il pitié des malchanceux ?


Dans un éclair de pensée : Allah ! L’Islam est contre la sorcellerie, aussi les morts meurent sereins : Allah ! Nos morts, posés à terre par la guerre ou la torture, en un éclair de pensée : ô Allah ! En un éclair de pensée ont le temps de prononcer ton nom : Allah !


Tous se plaignent comme s’il ne s’était pas agi d’une lutte. Moi j’ai gagné, seule dans mon jardin secret je saisis le jour. Tout m’a été dévoilé, je porte encore la marque de la déchirure. Maintenant vivre, j’ai si soif !


Je suis à l’aise avec toi, c’est comme une énergie qui me parcourt, je vibre, dans ces instants, de fraîches paroles pour témoigner de notre unions toujours renouvelée. Tout flambe à nouveau dans nos cœurs, comme si nous étions Noé et sa femme, heureux d’entendre les cormorans crier victoire. Cela à le sens de la vie, de la source je suis partie, nous nous sommes rejoints avant la mer, c’est un fleuve qui donne nos noms entrelacés. Nous ne craignions plus rien.


Devant la porte défraîchie « j’habite donc là » ces mots se posent dans ma tête. Atterrir au hasard comme il y a tant d’années ; la dérive portée par l’amour, devant cette porte moi. Quel abandon encore m’attend ? J’ai tant donné de ma vie ces quatre dernières années. Mon Dieu n’y a -t-il pas de sortie ? De sortie digne de ce nom ?


Le sac en plastique accroché à la branche de pin. Comme joyeux d’être gonflé par le vent, de se balancer. Tout vit. Le Nirvâna. Et si je continue à prier la Terre puis Allah, cela doit être parce que je n’ai pas fini mon cycle d’humaine. Je ne me sens pas étrangère en tant qu’humaine.

Si j’ai écrit « La Oumma ramène à Allah. Allah ramène à la Oumma » la communauté est restée en creux. Je n’ai rencontré personne. Je ne me situe pas dans la religion, mais comme mystique.


L’action me sera-t-elle toujours interdite ? Ne croyez pas à ma paresse, croyez en ma retenue. Je me suis éveillée pour ce massacre, pour cette aventure qui se déroule en évitant la chute. Parfois je m’ennuie. Ne me croyez pas cynique, je joue ma vie avec ténacité et honneur. Et si en ces jours vous m’avez vue sourire, sachez que c’est par camaraderie réciproque ; c’est la Oumma et sa ronde qui desserre un peu ma mâchoire.


Quelque chose de sacré est tombé, quelque chose d’important. Comme un piège tendu, comme si la terre était devenue vulgaire. Le chemin est long encore pour certains, j’espère en humains libres. Car le hasard du hasard en amour est sacré. L’innocence est belle, même dans la plus grande maturité.


La ville et la campagne réunies enfin, avec l’été des amandiers en fruits. Il faut bien que les chemises soient blanches et les tabliers repassés. Le pays, les pays affrontent la mer, profils hauts, comme des corsaires de feu et de sang. Pleureuses des temps modernes comme jadis, portez bien ce qui fait de vous des filles d’eau et de vent. Les turbans de couleurs de vos chapeaux, les bras chargés de fleurs aux parfums qui suintent sur vos chemisiers, vos joues halées dans la saison bénie, vous marchez jeunes-filles, fières d’être en vie.


Taire. Penser à la victoire de l’homme de bien. Penser enfin au bien. À moi dans la nuit, cherchant le mot juste ; qu’il me soit pardonné, qu’ils nous soient pardonné, miséricorde.

Taire. Chanter la Terre, ô Allah t’appeler, je te suis reconnaissante pour ta clémence.

Ô terre, ô Allah, parler de la bonté, pour qu’elle pénètre les méchants, parce que même le plus sage doit se la rappeler. Que l’heure de la prière vienne enfin.



Juillet 2016



Dans cette nuit

Il vaut mieux être une créature de Dieu, qu’un pantin devant les hommes. Car à Dieu on ose demander « Pitié ». Je n’ai jamais cherché consolation devant Dieu. Non, simplement pitié devant la souffrance de ces derniers jours. J’ai d’abord prié pour qu’il me pardonne.


Je ne rêve pas que je rêve. Je rêve que je ne rêve pas. On choisit son camp pour lutter pour la survie et la vie, car aucun humain ne se trouve en dehors. Que la part du lion aille à la bonté, que ma solidité abatte mes ennemis.


Impression de grande paix avant l’éveil. Dernière impression érotique de la nuit. Impressions de vastes espaces, nuit qui s’étend, se déverse, s’allonge dans le jour. La lune veillait sur mes rêves, demi-lune à l’arc de cercle d’une pure blancheur. À l’horizon le rose, l’orangé, puis le blanc se mélangeaient au bleu du ciel et des collines.


La lettre se dépliait, mon fantasme prenait corps. De pierres jetées j’en faisais un collier de mots pudiques et doux. Du concret je passais à l’abstrait, ce qui peut paraître contradictoire avec mon plus grand engagement d’alors. Puis vint le temps de la parole, le changement eut lieu. Un tel attachement à cette parole adressée. Toute vie se vit, toute vie est sacrée.


Sois. Sois ces journées d’intense rencontre, où pour toi la maison commune luisait de milliards de toits. En son sein, dans sa lutte acharnée contre la mort, dans cet ample cœur battait le mien, euphorie.


Comme une traînée en amas, poussière d’étoile. Reste haut dans le ciel, j’attends la lune ; hier descendante, qu’elle force pourtant ! Toujours le même ballet dans le système solaire, et comme le dit si bien un haïkaï Sôkan « Un manche à la lune, quel bel éventail ». Sachons interroger nos ancêtres sur la course des étoiles, affinons nos instruments de mesure, inventons nos langues, mais surtout ne laissons rien de muet.


Et si ? « Avec des si, le diable arrive » dit le proverbe arabe. Bien sûr nous avions raison, mais voilà : il y a la vie. Et il y avait nos erreurs. Je n’oublierai jamais les lumières dans la nuit, qui m’amenaient à aimer la Oumma, à respecter ceux qui n’en faisaient pas partie. Enfin mon émotion avait un visage, dans ce si court moment d’intense intimité mes pleurs, parfois étaient de joie de comprendre et de vouloir toujours mieux. Le mieux alors n’était pas l’ennemi du bien, c’est pour cela que je dis que nous avions raison.

Passez le flambeau mieux que ce que les chrétiens l’ont passé, si un jour c’est votre tour.



Je reviens de loin, tout revient de loin. Féminité de bonté, je réalise. Aimer dans l’espace, pour que les pierres se réalisent dans l’espace. Le phantasme vagabonde aéré et oubliant, avant le rêve d’indépendance en la demeure. Vaille encore, rêver bougie allumée, solitude où tu t’abreuves de tendresse. Puis s’assoupir, membres non rejoins, jusqu’à l’aurore. Lune, sexuelle planète.



Les ailes des mots me font planer dans les moments de vertige. Tant de recul, un tel paradis ! Profondeur du paragraphe, là où l’on trouve l’amphore qui donne l’ivresse. Laisse-moi couler et remonter à la surface des vagues. Comme sur la bouche d’une adolescente, dans le cou de son petit ami, l’écume est bave de la mer, dont l’ample antre supporte les lourds navires et les chants vulgaires des marins. Les barreurs tiennent droite la barre de la sexualité, souvent les sirènes leur font boire la tasse. Tout remue, tout palpite comme pour nous dans cette nuit sans lune.


C’est comme une blessure qui ne ferait pas mal. On aimerait aller plus loin, ou passer à autre chose. Seul, dans le silence, on repose son corps douloureux. D’abord cette attente, le désir qui monte, qui monte. La ville. La rumeur. Et toujours cette image qui monte, qui ne demande qu’à se graver. On reste dans le moite de cette chaleur d’août. Pas envie de douche, non, dans la chaleur de la rêverie qui nous a quitté si brusquement tantôt. Seul, on pense, on boit, on mange. Seul enfin, on garde une pensée pour ceux qui restent à deux.


Je suis dans l’idéal comme d’autres dans le commerce. Qui est-elle ? Quelque part il faut bien faire confiance. Entre nous un baiser qui m’a coûté bien des méandres. Qui me coûte des chaînes au poignet comme un pigeon qui cherche sa roche. Ville calcaire où Dieu m’a amené la guerre, féroce combat que certains comptent en pièces d’or. Jésus-Christ a chassé les marchants du temple, Mohammad a fait la guerre.



Août 2016



La pesanteur du rêve

Des fois on a la peur de la peur. Mais des fois c’est la peur. Je n’aime pas l’humilité chez les hommes, j’aime quand ils sont sûr d’eux. Une femme humble ? Ali mon ami, tu as une vieille camarade écervelée, mets du plomb dans mes ailes blanches. Tu étais si sûr de toi quand je t’ai aperçu la première fois, mon humaniste ; que ta sève reste aussi solide que celle d’un platane.


Se laisser aller à toutes les voix, n’être plus qu’une caisse de résonance à la misère humaine. Blêmir de la douleur physique et à mon âge on n’appelle plus sa mère. On supporte. On casse. On meurt. N’être plus que dans ce moment où l’on a envie qu’elle cesse. Dernier combat. « La pierre qui fracasse ». J’ai été la reine de mon phantasme et je n’ai déjà plus la présence de la jouissance. Je me suis sentie entourée de sueur et de larmes. Je me suis sentie aimée comme si j’avais été la dernière femme dans un monde d’hommes.


Tout n’est que rêve. On rêve d’autres choses, de sortir, de réaliser son rêve. Je réalise que je ne veux plus rien de particulier. Je sais encore dire « non », je sais la différence de la femme et de l’homme, je sais aussi que la souffrance est la même. Les femmes veulent jouir, les hommes être les plus forts. Les hommes ne rencontrent pas, ils heurtent. Les femmes se détendent ou s’abandonnent, les hommes se détendent seulement. Mais qu’est-ce qui tient promesse ? Qui tient promesse ?


Ni mort, ni vivant, tel est donc le sacrifice ? Monstrueux parmi les monstrueux, vous continuez votre délire. Mes lèvres tremblent, ma main tremble. Combien de fois faudra-t-il que je vous le dise ? Je ne supporte plus que ma douleur, elle est immense. Athée, voilà mon destin, car Dieu l’a voulu ainsi. Plus rien ne fait signe, reste l’humain, avec sa vie, son travail, ses joies et ses peines. Et si le diable guette à chacun de résister.


Il fallait me séduire par la beauté de la sagesse. Torturante blessure, torture. De la loi humaine je désespère et j’ai si mal. La force fulgurante, l’extase, puis la loi du silence. Le baiser résonne dans la tête des amoureux comme promesse de fidélité. L’égoïsme comme marque de mon âge, je ne suis plus prête au sacrifice. Elle voulait tout, elle se retire sur la pointe des pieds dans son désert vital. La vengeance enfin comme si l’humain était plus qu’objet.


Au Maroc aussi la terre est rouge comme la couleur de ta peau. Avouez enfin votre plaisir de la langue Française. Tu n’es qu’un enfant qui s’imagine père de deux enfants, quand il descend de sa banlieue pour embrasser son aimée. Mentir, briser une vie laisse une marque indélébile. Moi je renais de mes cendres et compte beaucoup sur mon idéal de dignité humaine.


Jubiler comme un volcan en éruption, un voile de pudeur entre nous Mohammed. Le fer rougi à blanc coule, les ailes de l’avion, rougi à blanc, la coque du bateau. Jubiler, je laisse les hauts fourneaux, à ma montre design, bracelet en argent, je sais que j’ai rendez-vous avec Jean-Pierre. Jubiler, Ali me voit chasseresse, m’amène dans la garrigue, bruit bourdonnant des pales, monde d’hommes où le fusil est lourd à mon épaule. Nous prions tournés vers la pierre ; Farid le français rythme ma prière, nous prions aussi pour nos morts.

Édouard me comprends-tu ? Sur le canapé une couverture de renard argenté. Édouard comprends-tu ? Ta grande nous regarde parler l’air appliqué.


La rue qui descend et qui monte. Pôles gardez vos glaces. Aimantez la Terre ; les ours blancs, qui aiment tant le froid, se perdent dans le paysage. Altiers, marchant avec calme, vifs comme l’air et les trous d’eau où ils se baignent. Pôles restez des blocs de glace.


L’âme des eaux profondes et de la surface miroitante. Reprendre sa respiration amour, vagues. Souviens-toi de la nage jusqu’aux rochers, comme la profondeur soutient. Certaines femmes ont la clarté dans le caractère, moi j’ai la mouvance des vaguelettes de la mer. J’ai la dérive du voilier, le vent me donne tant à retordre. Mon rêve est clair seulement quand vient la brise. C’est pour cela que je veux arrêter le temps, la voile demande tant d’efforts et d’attention. Si petit le voilier sur la mer immense. J’ai toujours voulu des marins à mon bord, jusqu’au jour où l’on fera des courses en solitaire.


Fraîcheur de l’eau, lumière crue qui réchauffe mon corps, séchant sur la roche blanche. Sur la plage de gravillons un vieux journal humide et une boîte de conserve écrasée. Je songe à la mer, son eau salée, ses grosses vagues et ses buvettes aux parasols de couleurs claires qui vendent des limonades avec paille. Je songe aux flirts, moi qui ai déjà un amant, qui me délaisse, ne pipe mots quand on se retrouve. Je songe à la richesse des flirts, je jalouse mes amies, elles qui ne font pas encore l’amour. Je brûle les étapes le cœur lourd, et désœuvrée, je vis avec tout ce lourd fardeau pour mes hanches si frêles.


Ciel clair sur l’oasis. Brise, palmiers qui frémissent. Palmier, ciel clair, oasis paisible. Du turquoise dans ce bleu du ciel, tout calme et le rêve m’étonne, même pas ce ciel, comme nous ne sommes pas étonnés de voir la lune pâle en plein jour. Les palmiers lourds de leurs fruits, et doucement je rentre dans l’eau pure pour me baigner.



Août 2016



Tomber amoureux

Allah est le battement. La palpitation c’est quand on jouit.

La grande sœur remplit la petite sœur pour qu’elle ait des pensées, des pensées d’amour, mais ce n’est pas le flirt.

Dans le corps la virilité est d’os. Le crâne est un vase retournée. Les dents c’est de l’ivoire.

Les hommes, pour elle, étaient une excuse pour trouver la femme. J’aime bien qu’on aime sans excuse.

Et nous apprenons à palpiter dans ce tout, dans ce battement, ce battement à l’unisson. Allah palpite et nous palpitons sur la Terre.

Des nerfs sur l’os c’est le frisson plus la pénétration. Vive les hommes.

Une femme mannequin n’était pas un robot. Vive les femmes, les nerfs aux bouts des doigts.

Il y a un palpitement de souffrance et un palpitement de plaisir. D’aimer, comme dans un cri de la jouissance, on croirait de la souffrance.

Pourquoi l’homosexuel Majnoun ne plaît-il pas aux hommes ? Pour qu’il plaise aux femmes ! C’est un monde où l’on se croise plus qu’on ne se rencontre. Majnoun toujours entouré de femmes. Même pas des amis hommes, à part pour plaisanter.


Le frôlement de la main du flirt, sur la cuisse de la jeune fille, qui monte, qui monte. Frôlement rond. Frisson.


Être prisonnière du phantasme de l’homme pendant l’amour. Satisfaction.


Quand le jeune-couple fait l’amour, les corps s’accordent. Légèreté.


L’acte-sexuel, le mot « salope », jouissance de la « Salope ». Érotisme.


Le mot de la femme « encore, encore ». Frémissement. Bien-être. Après : repos.

Les mots de l’amour, femme, pense-y.


En amour dire oui aux mots.


J’ai toujours trouvé le bruit d’une voiture de course érotique.


L’incendie, c’était l’incendie que je voulais qu’on allume en moi.


Je veux choisir, et je choisis mes hommes.


L’homme avait un corps étale. Mon homme sur sa chaise, son derrière et ses cuisses étalés. Désir de son corps.


Les deux hommes à la voix virile ont aimé ma pisse sous l’arbre, et ce que je raconte à deux homosexuels : «  J’aime tellement les arbres ». Majnoun était curieux d’entendre.



Les homosexuels trouvent trop l’excuse de parler d’argent en amour.


Il voulait raconter son phantasme, réalisé avec sa femme, à une vieille dame.


L’odeur d’humus de son caca.


Des mots, des mots, des mots pour jouir.


Corps tendu et souple de la femme, jouissance.


Je n’aime pas la danse classique européenne, je préfère la danse orientale ; aussi être sous le regard de l’homme, des hommes. Les strip-teaseuses peuvent-aller se rhabiller.


Et si le bien en grande partie c’était la jouissance ?


Mon homme m’avait fait remarquer que les camionneurs érotisaient leur camion en mettant des photos de pin-ups.


La femme d’Ali le français est franche au moins avec son corps.


Les jambes un peu écartées, plantée comme un piquet, la femme d’Édouard, bébé aux bras, me dit qu’elle est bonne marcheuse.


La femme d’Ali le jeune, perdue dans l’espace, je l’ai imaginée bien chaussée.


Mon homme trouvait érotique les chaussures que les femmes enfilent.


Les talons-hauts allongent les jambes, mais qu’est-ce que l’on marche bien avec des tongs.


La prostituée gardait son soutien-gorge pour faire l’amour avec son amant.


Les vieilles dames aiment leurs seins. – Qu’est-ce que c’est mauvais, les femmes, de ne pas jouir de ses seins quand on est jeune. – C’est pour cela, hommes, ne ratez pas vos femmes vers quarante-sept ans.


Les jeunes filles aiment les femmes plus mûres qui travaillent trop leur style. Mais femmes, être à l’aise permet de trouver tellement plus son érotisme.


Ma tante du village me disait « Je suis une sainte et une pute à la fois ». Je l’ai imitée. C’est ma mère qui me l’avait mise dans les pattes.


Elles écoutaient un chanteur à la mode. Son chant, quel orgasme retenu !


Une amie me disait que les femmes peuvent jouir toute une vie. OK, mais les hommes ont envie de faire l’amour toute une vie.



À quoi rêvent les garçons avec leur flirt ?

Mon kabyle je l’ai rendu exotique car il n’était pas là à notre dernier rendez-vous. Lui si à l’aise, si beau. Et l’on aime tellement la beauté quand on est jeune.


Gilbert, cet homme mûr, je l’imagine avec une femme qui ne trouve pas d’excuse en amour.


Il bombe son torse, moi, moi, moi ; et bien il n’y a pas que toi.


Je n’aime pas les filles qui disent « le beau petit cul » chaque fois qu’un garçon leur apparaît beau. Après elles disent que les garçons n’aiment qu’un morceau de leur corps. Pour être plus juste elles n’entendent qu’un murmure du corps de leur aimé.


Sur mon lit, j’ai caché mes yeux avec le loup noir qu’il m’avait offert, j’ai mis mon bracelet barbare. Toute nue, allongée les bras croisés, les seins si amples, j’ai pensé à mon homme. Cela, plus les hommes qui passaient en voiture (volets clos), me donnaient cette jouissance. Et j’attendais tellement qu’ils hurlent mon prénom. Mais j’étais seule, et ceux qui passaient avaient leur vie.


Nicole, la cousine de mon compagnon, retournait des champs. Elle avait du rouge à lèvres, se dépêchant pour retrouver son bébé. Quelle beauté !


Quand j’étais jeune adolescente, mon vieil oncle et ma tante d’Italie, se taquinaient comme preuve d’amour.


Je dis « mon bracelet fade », mais quelle matière !


Le phantasme et le rêve ne sont pas la même chose, ne sont pas pareils.



Septembre 2016



Toujours deux

Je souffre le calvaire de ne rien savoir faire de manuel. Encore l’intellectualité qui suit le geste ! J’ai très peu d’espoir, je n’ai pas su dire non. J’ai perdu le seul outil que j’avais, de quoi écrire correctement ; l’écriture, de quoi me donner du recul dans la vie.

Combien il suffit de peu de sécurité pour se tenir au faîte des choses, combien son besoin m’a détruite dans ma pauvreté. Mais même un père ne peut secourir. Nous sommes seuls avec notre petite flamme. Si au moins l’isolement et le silence pouvait m’apporter compréhension ! Nous avons souvent mal à notre âme et combien nous nous égarons. Comment nous y prendre, le temps presse ? Il faut bien vivre. Et je perds pied.


Avant, où le ça était tout en moi, où j’étais un moi inconscient. Dans ma vie de jeune-femme, parfois le sur-moi : la voix de ma mère vivante mais éloignée, se faisait entendre. Je la maudissais cette voix, mais j’avais tort. Peut-être était-elle de bon conseil. De toute façon, je n’avais pas à la maudire.

Aujourd’hui j’aimerais tant être un peu de tout : du ça, du sur-moi, du moi, du je et de la conscience.

Parfois je parle à Allah comme à un ami.


Personne ne connaît jamais son destin à l’avance. C’est en partie pour cela que nous prions. Parfois dans la vie tout donne une impression de rêve, même si nous savons que nous ne rêvons pas. Plus jamais il ne me dira qu’il n’a peur de rien, mais j’espère que j’aurais un homme à mes côtés. Un homme pensif les soirs d’automne qui regarde au loin. C’est plus fort que moi, j’ai espoir. Des pages se tournent, mais comme ce n’est pas le vent qui les a fait se tourner, elles sont tournées par l’homme consciemment. De mon côté, pourquoi tant chercher à comprendre ? Je laisse le destin, libre à chacun de choisir le sien.

Rouler dans son destin, faire confiance à son instinct de vie. Être à deux est le minimum, être plusieurs est une richesse. De tout façon, on avance sur sa route


Qui de l’œuf ou de la poule ? Bien sûr c’est l’œuf qui commence la vie.



Novembre 2016



© Francine Laugier, décembre 2015 - mars 2017.
Licence Creative Commons
« Au cri des mouettes » de Francine Laugier http://francinelaugier.free.fr/au_cri_des_mouettes/cris_des_mouettes.html est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 non transposé.
Basé(e) sur une œuvre à francinelaugier.free.fr.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://francinelaugier.free.fr/.