Francine Laugier - Terre, terre


Francine

Il ne lui restait qu'un an à vivre à la mère éternelle. La neige la recouvrira, et des feux-follets m'en souviendrais, avant dans les Alpes françaises, femme était les feux-follets. L'homme à la pièce, trouva l'écu. L'homme qui était son homme lui demanda de l'eau bouillante à boire. Il revint comme si la femme lui appartenait, mais tableau noir lui fut acquis. L'homme alors hurla de son cheval, la mère parla de Gargantua. La fille avait-elle du sang coulé depuis ce jour-là comme un écrin de fumée ? Ça résonnait jusqu'à l'entre vaux comme deux cœurs de lionnes qui se battaient pour prendre leur poids. Vulcain, s'éteignit pendant vingt années durant, vint sans étoile. La sœur était filante. N'était-ce pas mieux ainsi à vouloir la capturer où l'enfant naîtra sans comprendre ? parla en lui ne venant pas, jusque-là amoindri, trois à comprendre, souffrir du chaud et du froid du manger et du boire, les années passent qu'il revient en France à feu et à sang mais parle enfin. Puis, sang contre Anglais, sortit trop tard du ventre de sa mère.

Leur année à vivre, à percer l'homme, espoir de chagrin, en oublient la parenté. Réduit la peine clameur unanime ne l'attendit pas, mais la femme qui le reconnut à son visage ainsi jusqu'à l'aube derrière lui. Moi morte dans mon tombeau ne le découvris qu'au matin, rien pour asseoir sa peine comme étoile au front, et laissant enfin son âme, tout cela pour un matin après que le soleil soit au zénith, ni réjoui, ni vieilli, ô race de l'homme, ne vole aucun feu, déjà la femme prépare ses affaires. L'été solitaire aux marches réapparaissant, mais n'est plus ruine estimée qui ne pondit l'humain, « alors, dit-il, il faut en finir de cette affaire bien tenue car pleine d'un saut de puce ». Elle là, gémit, trouva source, et l'homme enfin put apparaître jeune et elle vieille, puisque ma joie en épi, où l'homme dit attendre vingt ans avant la vieille lune. Séléné déjà les guettait comme ils se trouvèrent des terres, et point l'enfer de l'eau. En nous alors hurlait mieux que la jeunesse ; hurle à s'y crever, puisque la prophétie est terminée de la femme et du jeune.


J'ai mal, comme mal dormir peut raconter les rêves réparateurs, où enfin la santé parle. Père si humais où j'apprends la sagesse nouvelle : celle du baiser tendre, tant attendu, mieux qu'un songe, humaine, humaine comme un jardin parmi les jardins, la perle porte le nom, grise comme le galet qui sort de l'eau. Jamais tendre ne fut baiser d'enfant, déjà la bague éclairait le foyer, mais l'adolescente garde le miroir. Quand, dis, depuis quand ? La mémoire des parents où l'ombre d'un printemps continu à me faire sourire. Père, la sagesse me guide vers toi, Dieu me regarde. Avec toi j'ai appris que les sages restent sur terre. Père je sais que la terre souffre, Jean-Pierre à mes côtés, me pardonne cette erreur de ne pas aussi être déesse mais simplement femme. Des bises père. Patriarche, la foule m'a grisée, toi qui es revenu d'un si lointain voyage, pour parler à mon cœur.


Je suis restée « trop longtemps dans le ventre de ma mère », dans ses jupes, avais-je dit à un poète. Dans ce monde en retrait, parfois le parfum de son cou m'amène l'oubli de cette terreur. Sans espoir des vents revenus, oublie la peur des branches tordues qui plient avec leur sève, droites et vertes. Le vent arrache la feuille morte, de ma chambre je vois ces arbres au nom que je ne connais pas, depuis tant d'années ne voir que ce paysage !

Là où le souffle est calme, atteindre la certitude de la vie. Dans un élan, dans les livres écrits, la parole rieuse. Faut-il languir d'autres jours ? Où assise à ma table j'écrirai un livre d'or, et alors je redeviendrai la petite fille attendrie par tant de sagesse.


L'angoisse du père, la peine de la mère, j'ai mon œuvre devant moi. La rose, de sa longue tige, n'a point d'épine, comme prière fruitée pour des mains tremblantes de beauté. La parole entrecoupée de silence ou le silence entrecoupé de paroles ? Communier avec les étoiles, d'où l'on voit la terre bleue, la terre qui vit unie et solidaire. Aussi, pour desseins le passage dans cette immense bonté, de la virile ardeur perdue. S'écoule la sagesse pleine de lueur, parfois aussi, pressée j'attache le noir.


La vision de l'oncle, fulgurance émotive, comme écriture coule le long du destin. Marcher, par plaisir de la brise et du vent, comme pressée par des mains invisibles, effleurer la terre. Le train siffle quand il rentre et sort de la gare, j'apporte avec moi ma part de joie. Un peu décalée mais à l'aise pourtant, menue et sensible, je crois le yin-yang. Voir les Alpes refleurir, avec toi chère amie. Aller où l'on veut comme pèlerin porte bâton. Au bout du trou noir, quand la sagesse rime avec bienheureux, alors vie reprend nouveau souffle.


La terre, la boule de terre, mère patrie. Qui est le plus fort ? Le ciel serein où attend chaque destin comme autant de graines semées. Les pères, les fils, les pères et les mères et leurs enfants, comme jours meilleurs à croquer. Plume rapide, ronronnement des camions, je passe du chaud au froid. Mon caractère renforcé, j'avance droite sur la porte du temps.


Je ne rêve plus de l'homme à deux-têtes : l'imposante mémoire solaire. Rêver de mon homme serait un gain favorable. Recommencer avec lui la blancheur de l'habit, je me souviens d'un regard triste, bientôt l'heure de l'Angélus. Nous restons impassibles, le regard que nous portons sur les chuchotements me laisse les bras ballants pour recouvrir nos tombes, nous quittent les âmes défaites par tant de dix-huitième siècle. Notre renaissance probable comme on trie « le bon grain et l'ivraie ».


Le cœur ravi, te laisser conduire jusqu'à la Sainte Baume. Les abeilles à la fontaine, le pique-nique sur le plateau et les branches ramassées pour le feu des moines.

Notre maison habitée par tant d'objets hétéroclites ressemble à un bateau ancré dans le flot de la ville. Le jardin où Mimi se prélasse est parfumé de terre, presque sableuse dans cette ville construite sur le calcaire. Terre de garrigue et de vignes. Vivre en écrivant est comme le monde à portée de main, et puissant moteur du savoir et de l'intelligence. Le stylo comme un bouquet d'encre, a l'ampleur des langues. Comme l'électricité dans les neurones qui amènent le mouvement, les signes écrits vivent d'éclairs de polysémie. La lecture comme on regarde un tableau, s'y promener, chaque fois nouvelle. En harmonie écrire la sagesse paternelle.





mai-juin 2014, Francine Laugier




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© Francine Laugier, mai-juin 2014.
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